Philosophie et science expérimentale

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Lundi 10 novembre 2008 — Dernier ajout mardi 22 janvier 2013

Le sens commun doit-il être considéré comme inférieur au savoir scientifique ?

Cet article est une ébauche que j’enrichirai au fil du temps : il est d’ores et déjà possible de réagir aux arguments avancés.

La question de la vérité : un problème de relation humaine à la réalité.

L’homme ne vit pas naïvement.

2Le réel est questionné par l’homme.2

2La réponse au questionnement humain excède le réel accessible.2 Il s’agit de montrer que l’homme n’est pas dans un rapport uniquement sensible aux choses. Pour mettre en valeur cette réalité anthropologique on peut étudier, à la suite de Pierre Legendre, le tableau du peintre René Magritte intitulé La lunette d’approche. La comparaison de ce tableau avec l’image de la couverture de la première édition de poche de l’ouvrage de Joël De Rosnay Le macroscope (une introduction à l’analyse systémique) fournit un support intéressant à cette analyse (cf. PDF ci-joint).

3L’adéquation entre le questionnement et le réel : la vérité scientifique.3

Nous devons à l’époque médiévale la définition de la vérité comme aedequatio rei et intellectu, adéquation entre la chose et l’esprit, entre nos idées et hypothèses et l’ordre du réel. Il s’agit de la thèse classique de la vérité-correspondance. Nos idées sont exprimables à différents niveaux de précision, selon les sujets abordés. Les idées sont exprimables en signes et langages divers, parfois en mots, parfois en langage mathématique, voire en dispositifs expérimentaux (en science expérimentale).

Une nuance dans cette approche de la vérité mène à parler de la pertinence de nos idées. Celle-ci peut être évaluable grossièrement, elle est parfois discutable sans mobiliser une capacité d’expertise spécialisée, elle peut être discernée « à l’œil nu » : c’est là le domaine de l’expérience commune ou ordinaire, là où tout un chacun a son mot à dire.

Mais la pertinence de nos idées est parfois précisément mesurable. Le langage mathématique est souvent ce que l’on considère comme l’outil d’expression roi pour approcher précisément les structures du monde sensible. Il est remarquable de constater le degré de correspondance des mathématiques, que d’aucuns considèrent comme un produit de la pensée pure, avec la réalité physique. Les sciences modernes trouvent là l’une de leur principale fondation : on connaît la déclaration célèbre de Galilée quant à la supposée écriture de la nature en langage mathématique.

Faut-il pour autant réduire l’intelligibilité de la réalité au mathématisme ? La philosophie peut-elle se résoudre à une position secondaire voire à sa dissolution positiviste ? C’est sur ce genre de questions que Husserl laissa sa quête, visant à retrouver le fondement du vrai rationalisme, inachevée. Mais il indiquait cependant vers où il pensait que nous devions chercher : du côté du « monde de la vie », du côté de ce Lebenswelt qui renvoie à l’expérience commune. C’est que toute philosophie devrait partir du sens commun.

Sur cette tension entre Lebenswelt et mathématisation du réel nous aimerions proposer une voie d’apaisement : celle d’une double pertinence cognitive. On connaît les attendus de la célèbre querelle du géocentrisme et de l’héliocentrisme. On ne veut pas ici reprendre l’opposition entre voie scolastique et voie expérimentale : le débat est compliqué et il ne se réduit pas à l’idée d’une incompatibilité irréductible entre, d’une part, des hommes de pouvoir s’appuyant sur une lecture littérale d’un texte sacré (la Bible), et, d’autre part, des savants « éclairés » par les mathématiques et la dimension à la fois publique et opératoire des instruments de mesure qu’ils utilisent.

Il s’agit plutôt ici d’une esquisse phénoménologique, au sens de la description de ce qui apparaît. Ainsi, selon nos yeux du corps, nous voyons, en quelque sorte, le Soleil tourner autour de la Terre. Pour peu que nous nous installions pour la journée en un point de vue panoramique, par exemple au sommet d’une colline dégagée et dominant le paysage alentour, ne voyons nous pas le Soleil décrire une courbe est-ouest, du matin au soir, autour de la Terre ? Mais si nous convenons de cela, n’allons nous pas subir les foudres de notre apprentissage scolaire : n’est-il point acquis que la Terre tourne autour du Soleil en 365 jours 1/4 (et sur elle-même en 24 h) ? Il est alors de bon ton et pertinent quant à nos possibilités de socialisation de ne plus tenir compte de ce que nos yeux voient. La science nous a appris que… Les experts ont dit que… Et puis, d’ailleurs, ce genre de méfiance quant à nos sens n’est-il pas fort salutaire pour bien des philosophes modernes ? Que l’on songe à l’usage répété de l’exemple du bâton plongé dans l’eau nous apparaissant comme une ligne brisé…

Il est cependant possible de dépasser cette aporie. Indiquons quelques repères sur ce chemin. Songeons d’abord, pour cela, à un agriculteur. Sa ferme est située dans un pays vallonné. Il travaille en polyculture-élevage : prairies semées, prairies « naturelles », champs cultivés divers (blé, orge, avoine, betteraves, maïs…), vignes, vergers, bois, etc. Imaginons maintenant l’époque ou le moment où, arrivant en pionnier sur le site choisi pour devenir sa ferme, il s’interrogea sur l’implantation de ses différentes parcelles : la vigne aime le soleil, les prairies « naturelles » supportent assez bien les endroits plus ombragés ; de même l’exposition des versants les dispose plutôt à telle culture ou usage que tel autre. Demandons maintenant : de quel savoir cet agriculteur a-t-il alors le plus besoin ? Du savoir « astrophysique » des télescopes et satellites, qui nous assure de notre rotation autour du Soleil, ou bien de celui de ses yeux nus qui lui indique que tel versant est propice à telle culture et moins à telle autre ?

3Le questionnement ouvert à la créativité : l’homme excède toute réalisation.3

« Sans l’effort d’un philosopher propre il n’y a pas de chemin dans la philosophie. » (Eugen Fink, La philosophie comme dépassement de la « naïveté », in Proximité et distance, Essais et conférences phénoménologiques, Ed. Jérôme Millon, 1994)

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Vos témoignages

  • Philosophie écologique et science expérimentale 1er mai 2012 07:31, par mJJatnPGCdJEwMZaObq

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